Devenir auteur

Quand je rencontre des lecteurs ou quand je dis à quelqu'un que j'écris, on me pose systématiquement des questions sur le processus qui mène de notes griffonnées dans un carnet à un livre en vente dans une librairie. J'ai donc décidé de faire une rubrique consacrée à l'écriture, émaillée de quelques conseils basés sur ma propre expérience - pour ce qu'ils valent. J'espère que cela aidera ceux d'entre vous qui ne sont pas familiers avec le monde de l'édition à mieux comprendre comment ça se passe et à ne pas se décourager. En effet, réussir à faire publier et à vendre un livre réclame beaucoup de temps, voire d'argent pour ceux qui décident de prendre eux-mêmes en main la publication de leur livre ou de passer par le biais d'un éditeur à compte d'auteur. C'est aussi un processus extrêmement long : il s'écoule souvent des années entre le moment où on a l'idée d'une histoire et celui où on a un livre entre les mains.
Devenir auteur est plus difficile qu'on l'imagine de prime abord, mais ça en vaut la peine. Vraiment !
Si vous avez d'autres questions sur le sujet, n'hésitez pas à me contacter, ici ou sur mon compte Facebook.

1. Trouver une idée

Ici, pas de formule magique (mais si vous en découvrez une, ça m'intéresse !). Certaines personnes ont des tonnes d'idées tout le temps et peuvent produire un scénario en quelques heures, alors que d'autres peinent à chaque roman. L'imagination n'est pas le fort de certains écrivains, qui ne travaillent qu'à partir de faits réels. ce ne sont pas toujours eux qui ont le moins de succès !

Quelques trucs peuvent aider, cependant :
  • Cela paraît évident mais lisez ! Il n'existe pas une seule façon de concevoir un scénario ou un "bon" style. Néanmoins, il vous sera utile de voir ce qui se fait ou ce qui a déjà été fait. Cela vous évitera de pécher par manque d'originalité. Essayez de déterminer ce qui vous plaît ou vous dérange dans ce que vous lisez et tirez-en les enseignements appropriés. Quelqu'un d'intelligent (je crois me souvenir que c'était Paul Valéry) a écrit que la littérature n'est qu'un infini commentaire d'elle-même. C'est vrai, on a souvent d'excellentes idées en lisant celles des autres.
  • Trouver des idées est aussi une excellente excuse pour regarder des séries ou aller au cinéma - une histoire est une histoire, quelle que soit la forme qu'elle prenne. Pour ma part, j'aime beaucoup regarder les colonnes "faits divers" des journaux.
  • Il existe des cours d'écriture. Aux Etats-unis, c'est même une filière universitaire au même titre que les Lettres modernes ou la Philosophie en France. Je n'en ai pour ma part jamais suivi. Si vous peinez à démarrer ou que vous avez du mal à organiser vos idées... pourquoi pas ? Il y en a parfois dans les universités. Renseignez-vous quand même sur qui est l'intervenant et ce qu'il ou elle a publié pour vous assurer que ça correspond à ce que vous souhaitez faire.
  • Il n'est pas nécessaire de savoir exactement où va votre histoire pour la commencer. Les idées peuvent venir en écrivant. Stephen King (qui s'y connaît en gros bouquins) dit qu'il part souvent d'une situation du genre "qu'est-ce qui se passerait si...". Le problème de l'écriture sans synopsis est qu'on peut se retrouver bloqué au milieu. Il est parfois possible de revenir en arrière et de rajouter une scène  pour rectifier la situation, mais il faut être prêt à revoir, voire à sacrifier une partie de son texte. Personnellement, je pars de l'idée générale et je m'arrête tous les quatre-cinq chapitres pour faire le point et décider des quatre-cinq chapitres suivants. Il m'arrive d'être extrêmement surprise par le tour que prennent les évènements et je ne connais jamais la fin avant d'y être. Cela fait partie du plaisir de l'écriture pour moi, mais je reconnais qu'on y perd parfois un certain temps...
    Néanmoins, sachez que si un synopsis est inutile en soi pour un one-shot, si votre livre est le premier tome d'une série, l'éditeur vous demandera presque systématiquement un synopsis des tomes suivants avant de s'engager (ce qui est assez normal).
  • Si vous vous lancez dans un genre fantasy, SF ou fantastique, tracez quelques cartes et plans (à l'aide d'un ordinateur si vous êtes aussi handicapés du critérium que moi). Dans tous les cas, faire de courtes fiches sur les personnages et les créatures que vous comptez intégrer dans l'histoire peut se révéler d'une aide inestimable. Rien n'est pire que de se retrouver à passer un fichier de quatre cents pages au "rechercher et remplacer" à la recherche de la taille de Saralyn ou de la couleur de cheveux de Simon.

2. Ecrire 

Ecrire un livre est un processus très personnel : demandez à dix auteurs comment ils écrivent et vous aurez dix réponses différentes. il est cependant assez intéressant de se renseigner sur la façon dont les autres procèdent pour déterminer ce qui nous correspond le mieux.
Je connais des auteurs qui se mettent devant leur ordinateur quand l'inspiration leur vient, mais d'autres s'y mettent le matin au réveil et y restent jusqu'à la fin de l'après-midi en respectant de stricts horaires de bureau. J'ai pour ma part adopté le système du "non, tu ne te coucheras pas tant qu'il n'y aura pas 2000 mots supplémentaires dans ce fichier !", assez adapté à ma tendance à la procrastination.
2000 mots est peut-être un peu excessif si l'écriture est un hobby, mais se fixer un minimum à écrire chaque jour est une bonne façon d'avancer. Moins vous vous y mettrez, plus il sera dur de vous y mettre : les intrigues et les rebondissements qui vous paraissaient limpides quand vous avez eu l'idée de votre histoire perdront de leur acuité jusqu'au moment où il sera très difficile d'avancer sans tout reprendre du début (et là, il y a des chances pour que vous découvriez que vous n'avez plus le temps et l'énergie de vous y remettre).
Beaucoup de personnes commencent à écrire une histoire et l'abandonnent en cours de route. L'histoire était-elle mauvaise ? Aurait-il mieux valu faire un scénario avant de commencer la rédaction du texte ? Tout dépend de l'histoire et des circonstances. Parfois, il y a aussi de mauvais moments pour écrire une histoire en particulier. Dans ce cas, il vaut mieux la laisser de côté, travailler sur autre chose et y revenir plus tard.
Ne vous battez pas avec votre texte, ça ne donnera jamais rien de bon.
Quelques conseils, cependant :

  • Entraînez-vous ! Ecrivez des nouvelles : la même scène du point de vue de chaque personnage, des scènes d'action, des scènes romantiques... On apprend à écrire en écrivant. Les fanfictions constituent un bon entraînement : on peut évoluer dans un cadre existant qui permet de se concentrer sur des détails techniques. Poster ses textes sur des sites comme ff.net offre à la fois la possibilité de lire ce que font les autres et de recevoir soi-même des commentaires de la part de vos lecteurs. Il existe d'autres sites, mais celui-ci est enfantin d'utilisation et assure un nombre de lecteurs relativement important. 
  • Vous êtes libres d'écrire votre texte à la main, sur un cahier. J'emporte toujours un petit carnet avec moi pour noter les idées au fur et à mesure qu'elles me viennent. Cependant, je n'ai écrit un texte entier à la main qu'une fois : le recopier sur ordinateur a été tellement fastidieux que je me suis jurée de ne plus recommencer. Comme vous le savez sans doute, aucun éditeur n'acceptera un texte qui n'est pas tapé sur un traitement de texte. Inutile, en revanche de le faire relier ou d'attacher les pages entre elles - veillez juste à ce qu'elles soient bien numérotées, on finit toujours par faire tomber ces trucs-là ou par s'apercevoir qu'on a inversé deux pages.
  • Ne vous précipitez pas. Avoir écrit le mot "FIN" ne signifie pas que le texte est prêt à être lu par d'autres, encore moins par un éditeur. Laissez passer quelques semaines puis relisez-vous. Faites ensuite lire le texte par une personne de confiance et demandez lui son avis. Les critiques ne sont jamais agréables à entendre, mais essayez de les prendre en compte. Gardez à l'esprit que, même si ce n'est pas toujours bien exprimé, le fait qu'un lecteur ressente une gêne par rapport au texte signifie sans doute qu'il doit y avoir quelque chose à améliorer.
  • Relisez encore, même si c'est pénible. Croyez-moi, vous pourriez relire trente fois que vous trouveriez des choses à changer à chaque fois. Si vous avez l'impression que votre texte est plus mauvais à chaque fois que vous le lisez... c'est normal. Ni l'élément de surprise ni la meilleure des plaisanteries ne résiste à trois relectures. Ne vous en faites pas : une faute d'orthographe ou deux (ou dix, ça dépend de la taille du texte) ne condamnera pas votre texte à la corbeille de l'éditeur. Néanmoins, il est évident qu'un texte truffé de fautes ne passera pas la barrière de celle ou celui qui fait le tri avant de passer les manuscrits au comité de lecture ou à l'éditeur décisionnaire.
  • On peut toujours améliorer un texte. Cependant, vous donner des indications est aussi le travail de l'éditeur. Si votre texte se tient, qu'il a un début, un milieu et une fin (dans cet ordre, mais pas nécessairement) et un nombre raisonnablement bas de fautes d'orthographe, vous pouvez tenter votre chance sans attendre la perfection.
Vous êtes sûr de vous ? Vous pouvez vous armer de patience et passer à l'étape suivante.

3. Trouver un éditeur

Il existe plusieurs façons d'être publié. Il y a les traditionnels éditeurs à compte d'éditeur. Dans ce cas, l'éditeur paye tout... y compris vous. Ces éditeurs ne vous demanderont JAMAIS d'argent. C'est évidemment la façon la plus difficile d'être publié, mais ça ne nécessite aucune dépense de votre part à l'exception de l'encre, du papier et des frais d'envoi de vos manuscrits (ce qui peut aujourd'hui revenir cher ! Si vous avez la chance d'habiter près de l'éditeur, n'hésitez pas à porter directement vos manuscrits à l'accueil, ça sera toujours ça d'économisé - ici, ceux qui habitent à Paris sont très avantagés...). De nos jours, un nombre croissant d'éditeurs acceptent de recevoir des manuscrits par voie électronique, ce qui simplifie beaucoup les choses (mais multiplie aussi beaucoup le temps d'attente parce que les éditeurs sont submergés par les envois).

Les éditeurs à compte d'auteur ne pratiquent pas de réelle sélection. Cependant, ils peuvent se révéler assez onéreux, surtout s'ils fournissent un service de correction. Faites très attention, beaucoup prétendent distribuer les livres, vous envoyer dans des salons du livre et assurer votre promotion mais la réalité n'est pas toujours à la hauteur des annonces de départ. La plupart du temps, ils produiront vos livres, vous les enverront, et vous devrez vous débrouiller tout seuls pour le reste. Si vous vous sentez l'âme d'un commercial, c'est faisable. Il peut néanmoins être beaucoup plus intéressant de passer directement par un imprimeur et de faire vos livres vous-même sans payer un service de distribution souvent imaginaire. 

Avec le développement du livre numérique, il est aujourd'hui plus facile et beaucoup moins onéreux de faire son propre livre virtuel sur des sites tels que Smashwords ou AmazonKDP. Il vous faudra concevoir la couverture de votre livre et vous débrouiller avec la mise en page, mais c'est de moins en moins compliqué à faire de nos jours. Le problème est ici d'arriver à sortir d'un lot de plus en plus énorme pour faire connaître votre production. Il n'est pas facile de se faire connaître quand on n'a même pas la possibilité de faire des salons du livre. Il faut aussi savoir qu'à ce jour, les ventes de livres numériques en France sont assez faibles. Cependant, c'est un genre en expansion et ils se vendent bien aux Etats-unis, alors peut-être que ce sera aussi le cas en France demain.

Il n'existe pas de moyen sûr d'être publié par un éditeur. Cependant, il faut garder quelques règles à l'esprit :

  • Regardez dans les librairies et bibliothèques qui publie quoi pour être sûr que votre manuscrit corresponde aux éditeurs auxquels vous l'envoyez. Cependant, sachez parfois tenter votre chance : j'ai été plusieurs fois été publiée par des éditeurs auxquels j'avais envoyé un manuscrit en désespoir de cause en pensant que cela n'avait aucune chance de les intéresser. Certains éditeurs, comme L'école des loisirs, fonctionnent vraiment au coup de coeur et pas sur un genre particulier.
  • Envoyez-le à plusieurs éditeurs à la fois, il sera moins difficile de recevoir un refus si vous attendez d'autres réponses. Les éditeurs mettent de nos jours extrêmement longtemps à répondre (et ne répondent pas toujours). Ils comprennent parfaitement que l'on envoie notre travail à plusieurs endroits en même temps... que le plus rapide l'emporte, tant pis pour les autres. De surcroît, cela vous permettra de savoir qui pourrait être intéressé par votre style et de prendre contact avec d'autres éditeurs : connaître des gens aide toujours, ne serait-ce que parce que cela vous permettra de leur envoyer vos futurs manuscrits directement par email, ce qui constitue une économie de temps et d'argent appréciable.
  • Ecrivez une courte lettre pour accompagner votre manuscrit. Ce n'est pas un CV, mais vous pouvez faire valoir une expérience reliée à l'écriture si vous comptez faire une série - cela garantira votre capacité à écrire la suite. Donner l'idée générale du roman en quelques lignes, saluez poliment et c'est tout : les éditeurs reçoivent des dizaines de manuscrits par jour, inutile de leur rajouter plus de lecture.
  • Si vous pouvez obtenir le nom du directeur de collection, vous aurez plus de chance de ne pas vous retrouver en dessous de la pile en adressant votre texte directement à celui-ci. Dans l'idéal, il faudrait essayer de voir un directeur de collection et lui parler du projet auparavant pour qu'il soit tenté de le lire directement. On peut trouver ces directeurs de collection dans certains salons du livre. Le salon du livre de Montreuil pour l'édition jeunesse, celui d'Angoulême pour la BD et celui de Paris pour l'adulte sont des must. Les éditeurs sont parfois là pendant les jours de signature, ils sont par contre toujours là lors des soirées d'inauguration de ces deux salons. Le malheur étant que ces soirées sont uniquement sur invitation - si vous arrivez à vous en procurer une, le mieux est de faire une liste des éditeurs qui vous intéressent et d'aller les voir pour leur parler de votre projet. Cela ne vous assurera pas d'être publié, mais ça aidera quand même à avoir une réponse plus personnalisée et plus rapide. Il existe aussi du "speed-dating" éditorial dans ces salons, ce qui peut être une bonne occasion de présenter votre projet.
  • Renseignez-vous sur internet sur la réputation de l'éditeur que vous sollicitez. Beaucoup de petits éditeurs sont nés au cours des dernières années... et avec eux, beaucoup de litiges. Certains sont parfaitement honnêtes et font un travail remarquable, mais d'autres ont refusé de payer les auteurs ou n'ont jamais publié les livres qu'ils avaient accepté.
  • Ne pas vous découragez pas ! Obtenir une réponse est souvent très long - il s'écoule souvent plusieurs mois entre le moment où on envoie son texte et celui où on obtient une réponse. Et le fait que ça prenne des mois ne veut rien dire : mon premier éditeur a accepté mon texte après quatre mois d'attente. Il n'est aussi pas rare de se faire refuser un texte cinq ou six fois avant de le placer, même pour des auteurs chevronnés. Ce n'est jamais agréable, mais ça n'a parfois pas de rapport avec la qualité de votre texte. Il y a des questions d'adéquation avec un catalogue, de goûts personnels de l'éditeur (et c'est tant mieux !), de mode, de calibrage... Quand vous avez reçu un refus, réfléchissez aux éventuelles remarques qu'on a pu vous adresser... et essayez ailleurs !
Vous avez trouvé un éditeur ? Félicitations, mais ce n'est pas fini...

4. Le contrat

Quand vous aurez eu un accord verbal (ou, de plus en plus souvent, par mail) de l'éditeur, il va vous envoyer un contrat. Lisez-le très attentivement. Faites attention, ne signez pas n'importe quoi ! Ce n'est pas parce que c'est un éditeur connu que les conditions qu'il pose sont justes. Regardez bien le pourcentage de droits d'auteur que l'éditeur offre, le nombre d'exemplaires qu'il vous donne (si vous en voulez davantage, il faudra les payer, alors demandez-en assez pour votre famille et vos amis), et rayez les clauses SF genre "supports actuels ou futurs" - personne ne lit dans l'avenir.
Le mieux à faire pour vous renseigner sur les clauses à ne pas signer ou à corriger est :
  •  de parler aux autres auteurs pour savoir ce qu'ils ont obtenu, les salons littéraires sont de bons endroits pour les rencontrer, et ils sont toujours ravis de pouvoir dire du mal de leur éditeur
  • de demander des précisions à l'éditeur sur toute clause floue et de faire vos recherches (par exemple en vous adressant à la Ligue des auteurs professionnels Ligue des auteurs professionnels)
  • Les choses évoluent d'un point de vue juridique et fiscal. Tenez-vous au courant !
  • de rentrer dans des organismes qui pourront vous donner des conseils juridiques, vous permettre de parler à d'autres auteurs, voire vous fournir gratuitement un avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle si vous en avez besoin. A ce titre, je vous recommande fortement de vous inscrire à la SOFIA et à un organisme comme la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse si vous écrivez pour la jeunesse, le CAAP ou la Ligue. On peut rencontrer les membres de la Charte au salon de Montreuil, où ils ont un stand tous les ans et tous ces organismes répondent aux questions et se battent avec énergie pour leurs adhérents.
  • discuter calmement des conditions du contrat ou poser des questions ne fera pas revenir l'éditeur sur sa décision de prendre votre texte. Gardez à l'esprit que vous n'êtes pas à l'abri du succès et que vous pourriez regretter un contrat signé hâtivement plus tard.
5. Le travail avec l'éditeur

Le travail avec l'éditeur se passe très différemment en fonction des personnes et du texte sur lequel on travaille. Il peut ne s'agir que de corriger quelques fautes par email... ou alors de se retrouver avec un manuscrit couvert d'annotations qu'il vous faudra peser, analyser et introduire (si vous choisissez de le faire). Il y aura parfois plusieurs aller-retour. Ensuite, il y aura une correction effectuée par l'éditeur et un correcteur qui concernera des détails techniques comme les fautes d'orthographe, les fautes de frappe et les répétitions. On vous renverra le texte annoté pour que vous relisiez à votre tour. Le texte est ensuite mis en forme tel qu'il apparaîtra en livre et on vous le renverra ainsi, sous forme d'épreuves. Vous les relirez de nouveau et l'éditeur et le correcteur aussi.
Arrive alors le moment de la délivrance : vous avez fini de corriger !

Outre les corrections, cette période correspond au moment où l'aspect "marketing" du livre est décidé. L'éditeur peut décider de changer votre titre, fait réaliser une couverture et une quatrième de couverture. Il peut aussi vous demander une biographie si c'est votre premier ouvrage chez lui. L'auteur est plus ou moins impliqué dans ces étapes. Certains de mes éditeurs, surtout lors de mes premières années d'écriture, ne m'ont pas consultée du tout. J'ai découvert la couverture et le titre de l'un de mes ouvrages en le trouvant par hasard en librairie alors que je n'avais pas reçu d'exemplaire et que rien ne m'avait été communiqué. Je me suis sentie assez trahie, à l'époque. L'auteur n'a pas toujours raison quand il s'agit de trouver la bonne présentation pour un livre, mais c'est difficile de ne pas se sentir dépossédé quand on est en désaccord avec un titre ou une couverture sur un ouvrage que l'on aime et dans lequel on s'est beaucoup investi.
Certains éditeur, au contraire, vous associent à toutes les étapes et demandent votre avis (chez Albin Michel, par exemple, j'ai toujours eu le sentiment d'être très écoutée et j'apprécie beaucoup de recevoir les essais de couverture pour pouvoir donner mon ressenti)

Si vous ne recevez pas ces éléments, n'hésitez pas à les demander. Votre éditeur est peut-être juste débordé et a peut-être oublié de vous les faire parvenir.

Au final, il s'écoule fréquemment six mois, voire un an entre le moment où votre texte est accepté et celui de la sortie du livre. Il y a plusieurs raisons à cela, en dehors du temps nécessaire à la préparation du livre. Notamment le fait que le catalogue de l'éditeur est souvent rempli pour les mois à venir et la seconde est qu'il lui coûte moins cher de faire imprimer les livres très longtemps avant la sortie. 
C'est évidemment encore beaucoup plus long en bande dessinée. Je travaille maintenant depuis presque cinq mois sur une bande dessinée pour Albin Michel, mais il va encore s'écouler au moins un an avant la parution étant donné que le storyboard, le dessin, l'encrage, la couleur et la correction de chaque étape par l'éditrice et moi-même prend beaucoup de temps. Ce genre de délai peut être un peu frustrant au départ, mais c'est nécessaire à une production de qualité et à un lancement réussi.


6. Vendre votre livre

Pour un certain nombre d'auteurs, le travail s'arrête là. Votre livre est paru et vous n'avez plus rien à faire. Cependant, il est évident que le livre ne se vendra pas tout seul. Vous pensez que vendre est le travail de votre éditeur et vous avez raison.
Après, c'est un choix. Certains auteurs sollicitent les salons pour se faire inviter, font des sites internet pour promouvoir leurs ouvrages, sont très actifs sur les réseaux sociaux, font fabriquer des tee-shirts ou des marque-pages à distribuer à leurs lecteurs et envoient leurs livres à des journalistes... C'est faisable si vous avez du temps et un peu d'argent.
Vous pouvez aussi attendre que des salons vous invitent d'eux-mêmes et que les lecteurs décident de parler de vos livres sans votre aide - il existe aujourd'hui beaucoup de blogs littéraires dont certains se révèlent d'un grand soutien pour l'auteur débutant.
Ne rien faire ne signifie pas que vos livres ne se vendront pas. Je vous conseille de jeter quand même un coup d'oeil sur Internet pour voir ce qui s'en dit de temps en temps et de participer aux salons auxquels vous êtes invités. 
Après tout, il n'y a pas de meilleure récompense, après ce parcours du combattant, que de pouvoir finalement parler avec vos lecteurs.


Publier un second livre n'est pas forcément beaucoup plus facile que de publier le premier. Il n'y a, de nos jours, pas vraiment d'idée de "publication automatique" entre un auteur et un éditeur à part dans le cadre d'une série. Le seul véritable avantage est que vous pourrez envoyer vos textes par email directement aux directeurs de collection que vous connaissez. Cela ne garantit pas la réussite, mais ça aide quand même.



II Mais, et l'autoédition, quand même ?


L'autoédition est, de nos jours, beaucoup plus accessible qu'elle ne l'était il y a quelques années en raison d'avancées techniques qui ont rendu l'opération globalement beaucoup plus facile et abordable. 
Le monde de l'autoédition a aussi beaucoup changé dans le sens où on trouve moins d'entreprises clairement payées pour rendre un livre éditable et imprimer l'ouvrage, et plus d'entreprises se rémunérant de façon assez floue et jouant sur une certaine ambiguité entre l'édition à compte d'auteur et d'éditeur. Nous avons aussi, de nos jours, de l'impression à la demande et des plateformes proposant de l'autoédition complètement gérée par l'auteur et qui se rémunère uniquement sur la vente des ouvrages et les éventuels services en plus auquel l'auteur peut souscrire de sa propre initiative.

Chaque système a ses avantages et ses inconvénients. Nous allons donc clarifier un peu tout ça.



1) L'édition à compte d'auteur ou la publication clairement rémunérée

Article L132-2 du Code de la propriété intellectuelle
Ne constitue pas un contrat d'édition, au sens de l'article L. 132-1, le contrat dit à compte d'auteur.
Par un tel contrat, l'auteur ou ses ayants droit versent à l'éditeur une rémunération convenue, à charge par ce dernier de fabriquer en nombre, dans la forme et suivant les modes d'expression déterminés au contrat, des exemplaires de l'oeuvre ou de la réaliser ou faire réaliser sous une forme numérique et d'en assurer la publication et la diffusion.
Ce contrat constitue un louage d'ouvrage régi par la convention, les usages et les dispositions des articles 1787 et suivants du code civil.


Cette catégorie est ancienne et ne mérite pas le mépris avec lequel on en parle parfois. Du côté de chez Swann fut initialement publié par Marcel Proust à ses frais. Beaucoup de poètes aujourd'hui célèbres l'ont également fait en leur temps.

Il s'agit tout bêtement pour une personne ayant un texte à publier de payer un exécutant pour un nombre de services variables afin de transformer un manuscrit en objet-livre. La plupart du temps, il s'agira de services d'impression, de correction, de mise en page et création de couverture. Parfois de promotion et de distribution dans certaines librairies.
Les tarifs sont variables mais cela peut se révéler assez onéreux si on veut avoir tous les services de l'édition traditionelle pour réaliser un produit de qualité "professionnelle".

En soi, il n'y a rien de problématique ici si tout est clairement indiqué dès le départ et que tous les services sont réellements fournis par le prestataire de service. Il peut être très difficile de récupérer sa mise de départ, surtout que le prix augmentera en fonction du nombre d'exemplaires imprimés ce qui limite beaucoup les tirages (et donc les ventes), mais gagner de l'argent n'est pas nécessairement le but premier de l'édition. C'est un choix qui se défend tout à fait pour conserver les écrits d'un proche, transmettre une histoire familiale dans un cercle restreint ou aller signer quelques exemplaires en salon du livre de temps en temps.
Cela permet également de garder ses droits et d'avoir le dernier mot sur toutes les décisions éditoriales.

Le plus important est de bien faire ses recherches et d'essayer de consulter les ouvrages imprimés par le prestataire avant de signer quoi que ce soit pour être certain que vous obtiendrez ce pour quoi vous payez. Il n'y a pas de contrôle sur la façon dont les corrections ou les maquettes sont réalisées, donc vous pouvez avoir de mauvaises surprises si vous vous adressez à une entreprise peut scrupuleuse.
Les services de correction peuvent être tout à fait utiles s'ils sont réalisés par un correcteur professionnel. On peut douter de la portée de services tels que la publicité ou la disponibilité en librairie en dehors de quelque chose de très local. Ce n'est personnellement pas quelque chose dans lequel j'investirais dans ce cadre. 

En moyenne, éditer un ouvrage à un nombre "commercialisable" d'exemplaires coûte entre 1000 et 2000 euros.
L'auteur touchera la totalité du prix des livres vendus par la suite, mais écouler assez d'exemplaires pour couvrir l'investissement ne sera pas évident. Il faut bien garder en tête que l'on payera des impôts sur l'argent gagné, un pourcentage aux sites de ventes sur lesquels on pourrait mettre l'ouvrage (en général 30% du prix) et que faire des salons du livre implique des frais de déplacement, de restauration, voire de payer son emplacement (d'une vingtaine à une centaine d'euros en moyenne... il peut être intéressant de se mettre à plusieurs auteurs pour diviser le prix et covoiturer dans ce cas).
Il vous faudra donc faire soigneusement vos calculs et ne pas investir d'argent que vous n'êtes pas prêt à perdre.

Exemple type : Librinova


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